Rencontre avec Sophie bourdon, comédienne

Parmi les sorties cinéma de février, le film de Mathias Mlekuz, Mine de rien, dont la sortie est prévue le 26 février, est l’œuvre de Mathias Mlekuz, à la fois co-scénariste (avec Philippe Rebbot) et réalisateur. Comédien de formation, il est originaire de la région, plus particulièrement du bassin minier du Pas-de-Calais, et n’a pas oublié pour son premier film derrière la caméra de faire appel aux talents des Hauts-de-France.

Sophie Bourdon, entre autres technicien.ne.s et comédien.ne.s choisi.e.s, a ainsi été castée pour interpréter l’ex-épouse d’Arnaud Ducret. On a eu le plaisir de la rencontrer.

Comment t’es-tu retrouvée embarquée dans l’aventure ?

« J’ai tout simplement été convoquée au casting, au Pôle Emploi Spectacle à Lille, par Martin Rougier, qui est un directeur de casting parisien. Ensuite, j’ai passé une deuxième audition avec Mathias, le réalisateur. Et c’était bon. »

Sophie garde de cette aventure le souvenir d’un tournage intense, aux côtés d’une équipe très soudée.
« Ce qu’il me reste, c’est un peu l’impression que tout m’échappait, dans le sens positif du terme. Le personnage que je joue est très en colère, et j’ai vraiment été encouragée à l’interpréter dans ce sens au casting. Je me suis même demandé si cela ne ferait pas « trop ». Et, sur le tournage, j’ai compris qu’il fallait amener le personnage dans cet état parce que l’ampleur de sa colère est proportionnelle à l’amour qu’elle a pu avoir pour son ex.
Dès que je l’ai lu, j’ai trouvé le scénario magnifique. Et ce qui prouve que c’était un bon texte, c’est qu’il y avait plein de manières de le jouer, de l’interpréter. A la lecture, on sentait déjà l’émotion, la comédie. Mathias a un humour plutôt fin, et c’est avec beaucoup de finesse qu’il dirige les acteurs. C’est l’enchaînement des situations qui amène à rire, on ne cherche pas à être drôles pour être drôles. C’est la juxtaposition de l’énergie des personnages et de leurs désirs, des obstacles qu’ils rencontrent, qui créent la comédie.
»

Au moment où nous avons échangé avec Sophie, le film venait de remporter le Prix du Public au Festival de l’Alpe d’Huez.
« Dans l’histoire racontée par le film, on est sur un territoire où des gens sont au chômage, et ils cherchent à sortir de cette situation. Une situation que beaucoup de personnes connaissent. Ils vont construire, reconstruire leur outil de travail. Les personnages du film sont amenés à trouver une solution par eux-mêmes, à l’inventer complètement. Et mon personnage va à l’encontre de cet élan, de ces personnes qui essayent de se sortir du pétrin. »

Dans son cœur, Sophie ne sépare pas le théâtre et le cinéma.
« J’aime tout ! Je dirais que c’est le même métier. L’un apporte à l’autre. C’est intéressant d’avoir fait du théâtre quand on est à l’image. Je pense que lorsque l’on est amené à faire des compositions, c’est plus simple si on a déjà une expérience théâtrale, on peut interpréter des personnages très différents de nous. Bien sûr, face à la caméra, il faut oublier la technique théâtrale. Au théâtre, on répète longtemps, au cinéma on est davantage dans l’instant, même si on doit travailler sur son texte en amont. Au théâtre, il nous faut recréer la spontanéité, au cinéma, de fait, elle est là puisque l’on joue la scène peu de fois. Les jeux d’acteurs, au théâtre et au cinéma, sont complémentaires je pense, l’un nourrit l’autre, et réciproquement. Depuis que je tourne davantage, je sais que mon jeu au théâtre a changé, comme si je m’étais libérée d’un certain formalisme. J’adore les deux. »


Quel a été le déclencheur pour décider de devenir comédienne ?

« Il y a eu deux événements, en fait, qui m’ont donné envie. La fois où lorsque j’étais en 4ème, j’ai chanté une chanson, « Le plat pays », devant ma classe malgré un trac fou. J’ai pleuré pendant vingt minutes avant d’arriver à chanter (rires) mais le virus était planté ! Et puis la fois où je suis allée voir une pièce de théâtre avec ma classe. C’était la Cerisaie de Tchekhov, mis en scène par Peter Brook. Je n’ai pas tout compris mais j’ai adoré, et plus tard j’ai compris que j’avais vu Catherine Frot sur scène. J’ai encore les images en mémoire avec les pétales de fleurs qui tombaient de partout. C’était génial, elle avait un personnage un peu fou et je réalisais que l’on avait le droit d’être comme ça. C’est à partir de ce moment-là que j’ai dit à mes parents que je voulais faire ce métier. »

Qu’est-ce qui t’a donné envie, le fait de créer une liberté ?

« Oui peut-être. Peut-être que je ressens que le quotidien ne nous propose pas assez de fantaisie, et que parfois je trouve ça un peu ennuyeux. De plus, je trouve que jouer au théâtre, c’est une manière de communiquer avec les gens, qui fait rêver autant pour ceux qui jouent que ceux pour qui on joue. Et puis, donner sa voix à un texte, c’est aussi une manière d’être « témoin ». C’est comme si je me mettais à la place de quelqu’un qui ne peut pas parler, qui n’a pas ou plus la parole, comme si nous étions les témoins privilégiés d’événements de société, avec le pouvoir de rendre l’intime, universel. Un acteur, à travers son personnage, il a toutes les libertés. J’ai besoin de jouer. D’ailleurs le mot métier étymologiquement ça veut dire « besoin ». Jouer, c’est intense parce qu’éphémère. On est à fond sur un projet avec une équipe et puis le projet s’arrête, et alors on se sépare et puis, c’est reparti, on commence un autre projet avec une autre équipe. C’est lorsque je suis devenue actrice que j’ai senti que j’étais à ma place, dans ma vie. »

Avant d’oser faire le pas et d’être actrice à plein temps, Sophie a été professeur de lettres modernes durant 6 ans en Zone d’Education Prioritaire. Une autre façon de vivre sa passion pour les textes. Et puis un jour, elle va suivre un stage, normalement réservé aux professionnels, à la Comédie de Béthune et se fait embaucher à l’issue du stage par le metteur en scène. Elle se met en disponibilité de l’éducation nationale pour une année, et n’y retournera jamais.

Sophie a également mis en scène une dizaine de spectacles dont un qui lui tient particulièrement à cœur. Un travail sur Augustin Lesage, mineur et peintre médium, originaire d’Auchel, tout comme elle, qui est aujourd’hui exposé au LAM à Villeneuve d’Acsq. Elle espère avoir un jour l’occasion de le monter à nouveau.

Après de nombreux rôles au théâtre, des formations de jeu devant la caméra pour les comédiens qu’elle a organisées pendant plusieurs années, une cinquantaine de rôles au cinéma et à la télévision… Sophie confirme, comme beaucoup de comédien.ne.s que nous avons rencontré.e.s, que c’est un combat de  « tout le temps », qu’il faut repartir de zéro, ou presque, après chaque projet, surtout concernant le cinéma et la télévision, « Ne serait-ce que pour accéder au casting ! ». Sophie est d’ailleurs en ce moment à la recherche d’un agent. Une collaboration précieuse et indispensable à ce jour pour elle.

Ce que l’on retient de notre conversation avec Sophie, c’est la passion qui l’anime, le plaisir qu’elle prend à créer de nouveaux personnages, au point que parfois on ne la reconnaisse pas d’un personnage à l’autre.

Dans l’avenir pas trop lointain, Sophie va jouer au théâtre dans une création du Théâtre Octobre où il sera question de Démocratie et de République. On la retrouve aussi au théâtre dans « Traverser la nuit » de Anne-Marie Storme… et on lui souhaite d’autres beaux et grands rôles pour le futur !

Vous pouvez ICI découvrir son site.

Interview réalisée et article rédigé par Anne Lucie DOMANGE pour De la suite dans les images

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