LA CONFÉRENCE

OPENSPACE

« Les personnages à 2 dimensions ne m’intéressent pas, bon et mauvais ; lac omplexité intime et familiale est la 3ème dimension. » (Michael Mann)

Man Hunter (Le Sixième sens) est sans aucun doute la matrice de ces séries et de ces films des décennies à venir qui exploreront la confrontation ambigüe entre un profiler et un tueur en série. C’est aussi la première apparition cinématographique du célèbre personnage inventé par le romancier Thomas Harris: Hannibal Lecter (Lecktor dans le film de Mann). 

Mais ce troisième long métrage de l’auteur de Miami Vice et Heat, est bien plus qu’une œuvre originelle, copiée ou prolongée. Derrière ce chassé croisé entre un flic traumatisé et des tueurs en série machiavéliques, se profile des espaces : expressionnistes et flamboyants. C’est l’improbable rencontre des héros solitaires des films de Jean-Pierre Melville et des ombres inquiétantes de Murnau, dans les dédales géométriques des mégalopoles contemporaines. 

Il faut voir Man Hunter comme un film noir en couleurs ouvert sur des espaces urbains métalliques et inquiétants, à l’architecture presque trop parfaite, trop propre pour y accueillir ces compositions violentes et cauchemardesques d’une chasse à l’homme haletante et étrangement mélancolique. 

Thierry Cormier