CYCLE PIALAT

conférences

MAURICE PIALAT : JE NE VOUS AIME PAS NON PLUS !

Lorsque Maurice Pialat reçoit la Palme d’or au Festival de Cannes en 1987 pour Sous le soleil de Satan, il lance à la salle, en réponse aux cris et sifflets qui lui sont adressés : « Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus », et termine en levant le poing au ciel.
Pialat, comme ses personnages et ses récits, se situent là : dans ce geste et ces mots, entre rage et passion, où le sentiment amoureux tient une place centrale, loin des clichés mais au plus près de la vérité.
Que son premier court métrage professionnel, en 1961, porte le titre énigmatique L’Amour existe, – alors qu’il n’y est représenté qu’injustice sociale et misère culturelle, destruction patrimoniale et environnementale, enfance abîmée et isolement de la vieillesse -, ne cesse de nous interpeller.
Poème visuel et sonore d’une violente mélancolie, constat désespérant sur une banlieue d’hier qui pourrait être encore celle d’aujourd’hui, de quelle existence de l’amour est-il question dans ce film et les 10 autres longs métrages qui suivront ?
Le cinéma de Pialat c’est l’amour pour les films et la détestation du monde du cinéma, tension contradictoire entre passion et haine qui se joue dans ses histoires de couples ou d’enfants et de parents confrontés à la maladie, la mort ou l’abandon. Il y a la violence des mots, des actes et des sentiments chez ses personnages qui débordent de tendresse. Il y aussi la beauté d’instantanés de vie, parfois autobiographiques, toujours authentiques, dont Pialat est l’un des rares cinéastes a avoir su, non pas filmer, mais proposer à notre regard et nos coeurs, dans un imperceptible glissement de la réalité vers la fiction, jusqu’à rendre celle-ci réelle.

L’Enfance nue, 1967

L’amour déchiré

« Le malheur d’une enfance ne vient pas des conditions sociales ou matérielles. Moi, matériellement, ça allait assez bien, mes parentes ne m’ont pas maltraité, ils m’aimaient beaucoup et je le sentais, mais il y avait une carence. »
Maurice Pialat.

L’Enfance nue est un film troublant, tant pour l’histoire qui nous est racontée, que par le processus de création même qui efface toute frontière entre réalité (du tournage et des répétitions) et fiction (écrite et filmée). Pialat nous met face à une vérité, sans manichéisme et rarement montrée : celle de l’enfance blessée et de sa cruauté. 

Nous ne vieillirons pas ensemble, 1972

L’amour sans fin ?

« Tout cela m’est arrivé à moi. J’ai fait le film pour me détacher d’une obsession. Quand il a été terminé, c’est devenu une autre histoire, que j’avais créée et non vécue. Une histoire où chacun, maintenant, peut retrouver quelque chose qui le concerne. »
Maurice Pialat.

Filmé en plusieurs plans-séquences, ce film, inspiré de la propre histoire Pialat, est une suite d’instants de vérités sur l’impossible rupture entre deux êtres qui s’aiment et se détestent. En cela, Nous ne vieillirons pas ensemble constitue l’un des miroirs les plus précis et dérangeants sur le couple, sur nos vies de couple.

Police, 1985

L’amour en garde à vue

« J’avais envie de raconter cette histoire d’amour, et cette idée plutôt littéraire, amusante dans le contexte d’un policier, la rencontre de gens assez désabusés dont l’histoire d’amour n’arrive qu’au moment de la séparation. Presque une histoire d’amour à l’envers. »
Maurice Pialat.

Police est une plongée atypique dans un genre cinématographique codifié, le film policier (seule incursion de Pialat dans le film de genre). Inspirée d’authentiques témoignages de policiers, cette histoire sur fond de trafic de drogue, capte en réalité des corps de flics et de truands qui ne badinent pas avec l’amour ! 

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